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Kapos

 

Il est de notoriété publique, en tout cas parmi les chercheurs et les historiens, que le personnel allemand était fort peu nombreux dans les camps de concentration : souvent, quelques centaines d'officiers nazis pour plusieurs dizaines de milliers de déportés. Le gros du personnel était recruté parmi les déportés eux-mêmes ; c'étaient les kapos, les véritables exécuteurs des basses oeuvres des oppresseurs. Et parmi ces collabos, il y avait des Juifs ; mais de cela, personne ne parle !

 

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Enfin, personne, n'exagérons rien, disons aucun historien patenté. On trouve quand même quelques témoignages de première main - les plus intéressants, surtout ceux rédigés juste après la guerre. C'est notamment le cas de Charles Liblau, qui évoque les kapos d'Auschwitz, parmi lesquels un Juif du nom de Berger.

 

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Le camarade Berger, entouré de ses adjoints, chacun une matraque à la main, n'épargnait aucun effort, afin de prouver aux SS combien ses capacités à exterminer les prisonniers étaient grandes.

Capacités à exterminer ! Autant dire que la thèse de l'extermination des Juifs, dont on nous bassine les oreilles depuis des lustres, signifie, dans les faits, extermination des Juifs par d'autres Juifs !

 

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(...) Les juifs slovaques travaillaient avec les prisonniers soviétiques à la construction de bâtiments, tandis que les juifs français exécutaient des travaux de terrassement. Au bout de trois jours je reçus l'ordre de travailler avec 200 juifs à Auschwitz, dans les usines d'armement. Nous continuions cependant à habiter à Birkenau. Tôt le matin nous nous rendions au travail pour ne revenir que le soir. Nous travaillions à l'atelier de menuiserie et à la construction de routes. A midi nous touchions un litre d'une soupe de raves et le soir 300 grammes d'un mauvais pain. Les conditions de travail étaient d'une dureté inimaginable et la plupart d'entre nous, affaiblis par la faim et l'infecte nourriture ne les supportaient pas. La mortalité était terrifiante. Dans notre groupe de 200 nous eûmes tous les jours 30 à 35 morts. Beaucoup de nos camarades furent simplement battus à mort par les surveillants (les "kapos") pendant le travail, sans qu'ils n'aient rien commis de répréhensible. Chaque jour on comblait les pertes de ce groupe par des détenus de Birkenau. Le retour du travail, chaque soir, était particulièrement dur et dangereux. Sur un parcours de cinq kilomètres nous devions traîner nos outils, notre bois de chauffage, de lourdes marmites et enfin nos morts de la journée - ceux qui avaient succombé au cours du travail ou avaient été massacrés. Chargés de ces fardeaux, nous étions obligés de marcher à une allure militaire. Celui dont la tête ne revenait pas au kapo était brutalement battu, sinon abattu. Au moment de l'arrivée du convoi suivant, au bout de quinze jours, il ne restait en vie de notre convoi que 150 hommes. Chaque soir on nous comptait et on plaçait les cadavres sur des wagonnets plats de chemin de fer ou sur un camion, pour les transporter dans la forêt de bouleaux (Brzezinsky). Là on les brûlait dans une fosse, profonde de plusieurs mètres et longue d'environ quinze mètres. (Rudolf Vrba, Je me suis évadé d'Auschwitz, Ed. Ramsay, 1988, pp. 369-370).

(...) "Les femmes font des travaux aussi durs que les hommes : terrassement, creusement de tranchées, production d'armement... Elles travaillent par tous les temps, tenaillées par la faim, sous les coups et les insultes, jusqu'à épuisement. Avec un courage exemplaire, elles s'efforcent, partout où c'est possible, de résister en sabotant ou ralentissant la production." (Agnès Triebel, Raconte-moi la déportation dans les camps nazis, Nlle Arche de Noé Editions, 2005)

 

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Source : Raconte-moi la déportation dans les camps nazis, op. cit., p. 20

 

(...) A trois heures le lendemain matin, notre block fut ébranlé par le hurlement des kapos. Titubant, nous nous mîmes en rang, laissant derrière nous seulement les morts et les mourants de la nuit. Les kapos parcouraient la colonne hébétée, harponnant par-ci, par-là, un homme et lui criant :
– À l'hosto !

C'était une condamnation à mort. Parfois, le détenu, encore assez robuste quelques semaines auparavant, s'en allait sans histoire, acceptant même avec soulagement son destin. D'autres, par contre, suppliaient, pathétiques :
– Je vous en prie, Herr Kapo, laissez-moi venir encore une fois. Je suis encore costaud.
– Je ne veux pas de musulmans
(individus tellement chétifs qu'ils n'avaient plus que la peau sur les os, n.d.l.r.) !
– S'il vous plaît, Herr Kapo, je travaillerai dur, je vous jure que je travaillerai dur.
(Source : Rudolf Vrba, op. cit., p. 150)

(...) Un matin que nous nous dirigions vers le dépôt, une vilaine odeur diffuse nous enveloppa. Elle devint de plus en plus forte et soudain au détour d'une rue, nous vîmes une colonne de femmes détenues se diriger vers nous et nous comprîmes d'où venait l'odeur. Je n'avais jamais vu d'êtres humains dans un tel état !
(...) Franz arrêta notre colonne pour les laisser passer. Elles se traînaient vers nous, en haillons, têtes rasées, par-ci par-là quelques-unes avaient encore un reste de fierté et portaient de maigres fichus. Leurs visages me glacèrent, des visages dont on ne voyait plus que les os, les yeux vides, aveugles à tout. Leurs galoches soulevaient la poussière autour d'elles. Des femmes-kapos bien en chair, bien nourries, obscènes de santé, le fouet à la main, les chassaient vers nous, hurlant, menaçant, frappant tandis que des femmes SS supervisaient la scène accompagnées de leurs bergers allemands. Nous étions là, humiliés par notre propre force, honteux d'être en bonne santé en présence de ces spectres pathétiques. (Vrba, op. cit., p. 128)

(...) Il y avait un point cependant, concernant l'appel, que l'Oberkapo avait omis de préciser. Non seulement on comptait les vivants mais aussi les morts. Ils étaient empilés avec soin derrière nous, pathétique amas de corps, quelques-uns décharnés par la faim, quelques-uns tout couverts de taches de sang des coups reçus, quelques-uns étaient morts simplement parce qu'ils n'avaient plus envie de vivre. C'était les morts de la nuit. (...) La faim était le principal fléau. Des savants allemands avaient calculé que les rations étaient suffisantes pour conserver un homme en vie durant trois mois ; pour une fois, leurs calculs se révélaient faux. (...) Les bastonnades, les tueries garantissaient un taux de mortalité élevé, auquel on pouvait ajouter à coup sûr la dysenterie. Un grand nombre de nouveaux arrivants en souffrait ; ils étaient liquidés immédiatement puisqu'ils ne pouvaient pas travailler.

Le lendemain, après l'appel, les kapos rassemblèrent le bétail. Certains furent emmenés dans les usines qui se trouvaient à proximité du camp ; ces esclaves travaillaient à grossir les bénéfices des industriels allemands.

(...) La leçon, pour moi, fut de ne jamais m'approcher des barbelés, car même le simple soupçon de vouloir s'évader signifiait la mort. (...) Un peu plus tard, d'un ton de voix normal, je me mis à parler à mon voisin. La matraque d'un kapo m'envoya par terre. J'appris à me taire.

Je vis des hommes battus pour des fautes vénielles : marcher trop lentement, oublier d'enlever leur casquette sur le passage d'un SS, que sais-je encore ? J'appris que ceux qui se tenaient tranquilles s'en tiraient plutôt mieux. Ceux qui protestaient en criant étaient battus encore plus sauvagement parce qu'ils dérangeaient. Ceux qui couraient étaient pourchassés par trois ou quatre kapos dont c'était devenu un des sports favoris.

(...) J'appris ainsi l'art de survivre, ensuite l'art de vivre, c'est-à-dire à m'adapter le mieux possible aux effroyables conditions du camp. (Vrba, op. cit., pp. 83-84)

(...) Notre kapo ne se trompait pas. Il aurait pu tout aussi bien dire que le camp changeait et en cela aussi il aurait eu raison. Alors que la Gestapo déployait ses filets partout en Europe et envoyait de plus en plus de prisonniers à Auschwitz, le taux de mortalité montait en flèche. À présent, les jeunes et ceux encore en bonne santé semblaient submergés par les musulmans, des zombies blêmes, épuisés, se traînant lamentablement, à la merci d'une dose fatale de phénol. A chaque appel les piles des morts augmentaient et les charrettes en bois furent remplacées par des camions pour vider le bâtiment en briques rouges sans fenêtre. (...) Plus il y avait de détenus, plus il y avait de morts. Ils mouraient sous les coups, de faim, assassinés mais aussi à cause de l'insuffisance des installations sanitaires, qui étaient devenues carrément dangereuses. La dysenterie qui menaçait en permanence, déferla sur le camp mais encore plus terrifiant, le typhus exanthématique éclata. Quand les colonnes de détenus se traînaient hors du camp chaque matin pour se rendre au travail en luttant pour rester debout, la matraque de l'Oberscharfuhrer Fries tombait de plus en plus souvent.
(...) Il existait naturellement un vaccin antityphique, découvert pendant la Première Guerre mondiale, ironie du sort, par Weigl, médecin juif allemand, mais avec la Deuxième Guerre mondiale à son apogée, les stocks étaient rares et il n'était certainement pas question d'approvisionner un endroit aussi hors du monde qu'Auschwitz. C'est ainsi que les autorités du camp qui savaient que l'épidémie se propageait par les poux, décidèrent de s'attaquer à la racine du mal : la saleté !
(...) Dans ce camp où l'eau était rare et le savon encore plus, les détenus mal lavés furent traités comme des criminels, non pas parce qu'ils pouvaient infecter les autres détenus mais parce qu'ils pouvaient contaminer les SS eux-mêmes. Ce fut une nouvelle inquisition. Les hommes revenaient du travail, épuisés, sales, ensanglantés. Les kapos les harcelaient, les traitaient de sales cochons, expression qui n'était plus une simple insulte mais une condamnation à mort. (Vrba, op. cit., p. 127)

 

  • KL Auschwitz I

 

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  • Sauvés par un SS !

 

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Source : Mémoire vivante, n°49, Numéro spécial, octobre 2006, p. 15. Concours National de la Résistance et de la déportation 2006-2007 : Le travail dans l'univers concentrationnaire nazi

 

  • Rudolf Höss dixit :

 

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Extrait des Mémoires de Rudolf Höss, Musée national d'Auschwitz, 2004

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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