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NUREMBERG (1945-1946)

VERDICT

RESPONSABILITES INDIVIDUELLES

 

 

RIBBENTROP

 

Ribbentrop est inculpé des crimes visés par les quatre chefs d'accusation. Il adhéra au Parti Nazi en 1932. L'année suivante, il devint, en matière de politique étrangère, le Conseiller d'Hitler et le représentant du Parti Nazi. En 1934, il fut nommé Délégué aux questions de désarmement et, en 1935, Ministre Plénipotentiaire sans portefeuille ; c'est en cette dernière qualité qu'il négocia l'accord naval anglo-allemand en 1935 et le Pacte antikomintern en 1936. Le 11 août 1936, il fut envoyé comme Ambassadeur en Angleterre. Le 4 février 1938, il succéda à von Neurath comme Ministre des Affaires étrangères du Reich, au cours du remaniement général qui suivit le renvoi de von Fritsch et celui de von Blomberg.

 

Crimes contre la Paix

 

Ribbentrop n'assista pas à la Conférence du 5 novembre 1937, dite « Conférence Hossbach », mais le 2 janvier 1938, alors qu'il était encore Ambassadeur en Angleterre, il envoya un mémorandum à Hitler indiquant que, à son avis, une modification du statu quo dans l'Est favorable à l'Allemagne ne pouvait être effectuée que par la force et proposant des méthodes destinées à empêcher l'Angleterre et la France d'intervenir dans une guerre européenne faite à cette fin. Quand Ribbentrop devint Ministre des Affaires étrangères, Hitler lui déclara que l'Allemagne avait encore quatre problèmes à résoudre, l'Autriche, les territoires des Sudètes, Memel et Dantzig, et il mentionna la possibilité de « négocier en montrant son jeu » ou de recourir à un « règlement militaire » pour leur solution.

Le 12 février 1938, Ribbentrop assista à l'entretien au cours duquel Hitler força Schuschnigg, par des menaces d'invasion, à faire une série de concessions qui étaient destinées à renforcer la position des Nazis en Autriche et qui comprenaient notamment la nomination de Seyss-Inquart au poste de Ministre de la Sûreté et de l'Intérieur, avec contrôle de la police. Ribbentrop était à Londres quand l'occupation de l'Autriche fut réalisée et, grâce aux renseignements que lui fournit Gœring, il informa le Gouvernement britannique du fait que l'Allemagne n'avait pas présenté à l'Autriche un ultimatum, mais était intervenue seulement pour empêcher une guerre civile. Le 13 mars 1938, Ribbentrop signa la loi incorporant l'Autriche au Reich allemand.

Ribbentrop participa aux plans d'agression contre la Tchécoslovaquie. Dès mars 1938, il se tint en contact étroit avec le Parti allemand des Sudètes et lui donna des instructions qui avaient pour but de continuer à faire du problème des Sudètes une question brûlante susceptible de servir d'excuse à l'attaque projetée contre la Tchécoslovaquie. En août 1938, il participa à une conférence dont l'objet était d'obtenir l'appui des Hongrois en cas de guerre avec la Tchécoslovaquie. Après le Pacte de Munich, il continua d'exercer une pression diplomatique en vue d'occuper le reste de ce pays. Il contribua à inciter les Slovaques à proclamer leur indépendance. Il assista à la Conférence du 15 mars 1939, au cours de laquelle Hitler, sous la menace d'une invasion, obligea le Président Hacha à consentir à l'occupation de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne. Après l'entrée des troupes allemandes, Ribbentrop signa la loi établissant un protectorat sur la Bohême et la Moravie.

Ribbentrop joua un rôle particulièrement important dans l'activité diplomatique qui conduisit à l'attaque contre la Pologne. Il prit part, le 12 août 1939, à une conférence tenue en vue d'obtenir l'appui de l'Italie si l'attaque conduisait à une guerre générale en Europe. Dans la période comprise entre le 25 et le 30 août 1939, Ribbentrop exposa à l'Ambassadeur britannique les demandes allemandes concernant Dantzig et le corridor polonais ; il savait pourtant que l'attaque contre la Pologne n'avait été provisoirement ajournée que pour inciter les Anglais à se dégager de la garantie qu'ils avaient donnée à ce pays. La manière dont il mena ces discussions montre clairement qu'il n'y prit pas part de bonne foi, dans l'espoir d'aplanir le différend germano-polonais.

Ribbentrop fut informé, à l'avance, des attaques qui devaient être effectuées contre la Norvège et le Danemark, d'une part, les Pays-Bas de l'autre; il prépara les mémorandums officiels du Ministère des Affaires étrangères qui essayaient de justifier ces actes d'agression.

Ribbentrop assista à la Conférence du 20 janvier 1941, au cours de laquelle Hitler et Mussolini envisagèrent l'attaque contre la Grèce, et à la Conférence du même mois qui permit à Hitler d'obtenir d'Antonesco que les troupes allemandes soient autorisées à traverser la Roumanie pour effectuer cette attaque. Lorsque, le 25 mars 1941, la Yougoslavie adhéra au Pacte Tripartite, elle avait reçu de Ribbentrop l'assurance que l'Allemagne respecterait sa souveraineté et son intégrité territoriale. Le 27 mars 1941, à la suite du coup d'Etat yougoslave dirigé contre l'Axe, l'accusé assista à une réunion au cours de laquelle furent élaborés des plans en vue de réaliser l'intention qu'avait proclamée Hitler de détruire la Yougoslavie.

En mai 1941, Ribbentrop assista à une Conférence entre Hitler et Antonesco, au sujet de la participation roumaine à l'attaque contre l'U.R.S.S. Il s'entretint également avec Rosenberg de l'établissement d'un plan pré-militaire d'exploitation politique des territoires soviétiques. En juillet 1941, après le déclenchement de la guerre contre l'Union Soviétique, il pressa le Japon d'attaquer ce pays.

 

Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité

 

Ribbentrop participa à une réunion le 6 juin 1944, au cours de laquelle fut décidé le lynchage systématique des aviateurs alliés effectuant des attaques à basse altitude. En décembre 1944, le Ministre des Affaires étrangères fut mis au courant des plans d'assassinat d'un géneral français, prisonnier de guerre, et il invita ses subordonnés à veiller à ce que les détails de cette opération fussent exécutés de façon à éviter qu'elle ne fût découverte par les puissances protectrices. Ribbentrop est également responsable de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en raison de son activité à l'égard des pays occupés et des satellites de l'Axe. Le personnage officiel allemand le plus important au Danemark et dans la France de Vichy était un Représentant du Ministère des Affaires étrangères et Ribbentrop est donc responsable des mesures économiques et politiques appliquées pendant l'occupation de ces pays. Il incita les Italiens à adopter des méthodes impitoyables en Yougoslavie et en Grèce.

Il joua un rôle important dans la « solution finale » de la question juive. En septembre 1942, il ordonna aux représentants diplomatiques allemands accrédités auprès de certains satellites de l'Axe d'accélérer la déportation des Juifs vers l'Est. En juin 1942, l'Ambassadeur d'Allemagne à Vichy demanda à Laval de livrer 50.000 Juifs pour les déporter vers l'Est. Le 25 février 1943, Ribbentrop protesta auprès de Mussolini contre la lenteur des Italiens à déporter les Juifs de la zone d'occupation italienne en France. Le 17 avril 1943, il assista à un entretien entre Hitler et Horthy au sujet de la déportation des Juifs de Hongrie et fit connaître au Régent de ce pays que les « Juifs devaient être, soit exterminés, soit mis dans des camps de concentration ». A la même conférence, Hitler avait assimilé les Juifs à des « bacilles tuberculeux » et dit que s'ils ne travaillaient pas, il fallait les fusiller.

Ribbentrop, pour se défendre contre les accusations portées contre lui, prétend que Hitler prenait seul toujours les décisions importantes et que lui-même, en admirateur et fidèle disciple, ne mettait jamais en doute les assertions répétées de Hitler concernant son désir de paix, ou le bien-fondé des raisons qu'il donnait pour justifier sa politique d'agression. Le Tribunal estime que cette explication n'est pas conforme aux faits.

En résumé, Ribbentrop a participé à toutes les agressions nazies, depuis l'occupation de l'Autriche jusqu'à l'invasion de l'Union Soviétique. Encore qu'il soit personnellement impliqué dans la préparation diplomatique plutôt que dans la réalisation militaire de ces actes, il n'en reste pas moins que tous ses efforts de diplomate étaient en liaison si étroite avec la guerre qu'il ne pouvait ignorer le caractère agressif des actes de Hitler. Dans l'administration des territoires dont l'Allemagne s'était injustement emparée, Ribbentrop a participé à l'application de méthodes criminelles incluant en particulier celles qui ont abouti à l'extermination des Juifs. Au surplus, de nombreuses preuves démontrent que Ribbentrop était en complet accord avec la doctrine du Parti Nazi et que c'est sans réserve qu'il a collaboré avec Hitler et d'autres accusés à la perpétration de crimes contre la paix, de crimes de guerre et de crimes contre l'Humanité. C'est en raison de cet accord total avec la politique et les plans d'Hitler, que Ribbentrop l'a suivi si complaisamment jusqu'au bout.

 

Conclusion

Le Tribunal déclare :

— Que l'accusé Ribbentrop est coupable des crimes visés par les quatre chefs de l'Acte d'Accusation.

 

 

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

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