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NUREMBERG (1945-1946)

VERDICT

RESPONSABILITES INDIVIDUELLES

 

 

KALTENBRÜNNER

 

Kaltenbrünner est inculpé des crimes visés par les premier, troisième et quatrième chefs de l'Acte d'Accusation. En 1932, il adhéra au Parti Nazi autrichien et aux SS. En 1935, il devint Chef des SS pour l'Autriche. Après l’Anschluss, il fut nommé Secrétaire d'Etat à la Sûreté en Autriche, puis, lorsque ce poste fut supprimé, en 1941, Chef de la Police et des SS. Le 30 janvier 1943, il devint chef de la Police de Sûreté et du SD et chef du Bureau Central de Sûreté du Reich (RSHA), poste qui avait été occupé par Heydrich jusqu'à son assassinat, en juin 1942. Il avait le rang de Obergruppenführer dans les SS.

 

Crimes contre la Paix

 

Comme Chef des SS en Autriche, Kaltenbrünner joua un rôle actif dans le complot formé contre le Gouvernement de Schuschnigg. Dans la nuit du 11 mars 1938, après que Gœring eût donné l'ordre aux Nationaux-Socialistes autrichiens de s'emparer du Gouvernement, 500 SS, sous le commandement de Kaltenbrünner, encerclèrent la Chancellerie Fédérale; un détachement spécial y pénétra sous la conduite de l'Adjoint de Kaltenbrünner, pendant que Seyss-Inquart négociait avec le Président Miklas. Mais rien, par ailleurs, ne prouve que Kaltenbrünner ait eu une part dans les divers plans de guerre d'agression. L'Anschluss, bien qu'il ait été un acte d'agression, n'est pas considéré comme une guerre d'agression et les charges que l'on peut relever contre Kaltenbrünner dans le domaine du premier chef d'accusation, ne constituent pas, selon le Tribunal, la démonstration de sa participation directe à un plan établi en vue d'une guerre de cette nature.

 

Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité

 

Quand il devint, le 30 janvier 1943, chef de la Police de Sûreté et du SD ainsi que chef du RSHA, Kaltenbrünner prit en charge une organisation qui comprenait les principaux services de la Gestapo, du SD et de la Police Criminelle. En tant que chef du RSHA, il avait qualité, soit pour ordonner les mises en « détention de sécurité » dans les camps de concentration, soit pour faire libérer des internés. Les ordres, dans ce domaine, portaient habituellement sa signature.

Kaltenbrünner avait connaissance des conditions de vie qui régnaient dans les camps de concentration. Il avait certainement visité Mauthausen, et il résulte de plusieurs témoignages, qu'il y a vu des prisonniers exécutés, à titre de démonstration, par diverses méthodes : pendaison, coup de feu dans la nuque et asphyxie par le gaz. Kaltenbrünner a personnellement ordonné des exécutions d'internés et son service servait à transmettre aux camps de concentration les ordres d'exécution émanant du bureau d'Himmler. A la fin de la guerre, Kaltenbrünner participa à l'organisation de l'évacuation des internés des camps et à l'extermination de beaucoup d'entre eux, afin de les soustraire aux armées alliées qui allaient les libérer.

Le RSHA — pendant la période où Kaltenbrünner le dirigea — fut utilisé pour la réalisation d'un vaste programme de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. Des prisonniers de guerre furent maltraités et assassinés. Ceux de l'Union Soviétique furent passés au crible par des Einsatzkommandos, opérant sous le contrôle de la Gestapo : les Juifs, les commissaires et les autres personnes jugées hostiles à l'idéologie du régime nazi, étaient signalés au RSHA; celui-ci les faisait transférer dans des camps de concentration où ils étaient exécutés. Pendant la même période, le RSHA promulgua un ordre dit    « décret Kugel », en vertu duquel certains prisonniers de guerre, évadés et repris, devaient être amenés à Mauthausen et fusillés. Un ordre prévoyant l'exécution des groupes de Commandos fut étendu par la Gestapo aux parachutistes. Un autre ordre, enfin, interdisant à la Police d'intervenir dans les attaques dont les aviateurs alliés obligés d'atterrir étaient l'objet de la part de la population, fut signé par Kaltenbrünner lui-même. En décembre 1944, Kaltenbrünner participa à l'organisation de l'assassinat d'un Général français prisonnier de guerre.

Pendant la période où Kaltenbrünner fut chef du RSHA, la Gestapo et le SD continuèrent à maltraiter et à tuer la population des territoires occupés, à utiliser des méthodes telles que la torture et l'internement dans les camps de concentration; ils agissaient en général en vertu d'ordres sur lesquels était apposé le nom de Kaltenbrünner.

La Gestapo était responsable de l'application de la discipline rigide à laquelle furent soumis les travailleurs forcés et une série de camps de correction furent créés à cet effet par Kaltenbrünner. Quand les SS entreprirent la réalisation pour leur compte d'un programme de travail forcé, ils utilisèrent la Gestapo pour obtenir les travailleurs dont ils avaient besoin et firent envoyer ceux-ci dans des camps de concentration.

Le RSHA joua un rôle capital dans la réalisation de la « solution définitive » de la question juive, qui n'était autre chose que l'extermination des Juifs. Une section spéciale, placée sous l'autorité de l'Amt IV du RSHA fut créée pour faire exécuter ce programme. Sous sa direction, 6 millions de Juifs environ furent tués, dont deux millions par les Einsatzgruppen et par les autres unités de la Police de Sécurité. Kaltenbrünner, lorsqu'il était chef de la Police et des SS, connaissait l'activité particulière de ces Einsatzgruppen qui continuèrent à opérer après qu'il fût devenu chef du RSHA.

L'assassinat de près de 4 millions de Juifs dans les camps de concentration a déjà été décrit. Le RSHA, sous la direction de Kaltenbrünner, contrôlait l'exécution de cette partie du programme : des groupes spéciaux parcoururent les territoires occupés et les pays satellites de l'Axe, afin d'y rechercher des Juifs et de les déporter vers les lieux où ils étaient exterminés. Kaltenbrünner était au courant de ces actions criminelles. Dans une lettre écrite par lui le 30 juin 1944, il décrivait l'embarquement des 12.000 Juifs pour Vienne et il ordonnait que « tous ceux qui étaient incapables de travailler soient tenus prêts pour une « action spéciale », ce qui voulait dire leur extermination.

Kaltenbrünner a nié l'authenticité de sa signature au bas de cette lettre, ainsi qu'il l'a fait à l'occasion de nombreux ordres portant sa signature, tapée à la machine ou imprimée à l'aide d'un tampon, et d'autres ordres moins nombreux signés à la main. Il est inconcevable qu'à l'occasion de questions d'une telle gravité sa signature ait pu apparaître si souvent sans son autorisation.

Kaltenbrünner soutient qu'avant d'accepter les postes de chef du RSHA et de chef de la Police de Sûreté et du SD, il se mit au préalable d'accord avec Himmler pour que son rôle soit limité au domaine des renseignements à l'étranger et ne consiste pas en une surveillance générale des agissements du RSHA. Il prétend aussi que l'exécution du programme criminel avait commencé avant qu'il occupât son poste, qu'il était rarement mis au courant des actions entreprises par le RSHA et que, lorsqu'il les connaissait, il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour les arrêter. Il est exact qu'il s'est intéressé particulièrement à la question des renseignements à l'étranger, mais il a exercé un contrôle sur l'ensemble du RSHA, il a eu connaissance des crimes commis par cette formation et a participé activement à nombre d'entre eux.

 

Conclusion

 

Le Tribunal déclare :

Que l'accusé Kaltenbrünner n'est pas coupable des crimes visés par le premier chef de l'Acte d'Accusation ;

— Que l'accusé Kaltenbrünner est coupable des crimes visés par les troisième et quatrième chefs de l'Acte d'Accusation.

 

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

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