Header image  

 
 

   
 

 

NUREMBERG (1945-1946)

VERDICT

RESPONSABILITES INDIVIDUELLES

 

 

ROSENBERG

 

Rosenberg est inculpé des crimes visés par les quatre chefs de l'Acte d'Accusation. Il adhéra au Parti Nazi en 1919, participa au Putsch de Munich le 9 novembre 1923 et essaya de maintenir le Parti Nazi, devenu illégal, pendant que Hitler était en prison. Reconnu comme l'idéologue du Parti, il développa et répandit les doctrines nazies dans les journaux Voelkischer Beobachter et N. S. Monatshefte, dont il était l'éditeur, et dans de nombreux ouvrages. Son livre Le Mythe du vingtième siècle fut tiré à plus d'un million d'exemplaires.

En 1930, Rosenberg fut élu au Reichstag et devint le représentant du Parti au Ministère des Affaires Etrangères. En avril 1933, il fut nommé Reichsleiter et Directeur du Service des Affaires Etrangères du Parti (le APA). En janvier 1934, Hitler fit de Rosenberg son adjoint pour le contrôle de toute l'éducation spirituelle et idéologique du Parti. En janvier 1940, il fut désigné pour fonder la « Hohe Schule », centre de recherches idéologiques et pédagogiques nationales-socialistes et organisa en même temps l'« Einsatzstab Rosenberg ». Le 17 juillet 1941, il fut nommé Ministre du Reich pour les territoires occupés de l'Est.

 

Crimes contre la Paix

 

Comme Directeur de l'APA, Rosenberg était chargé d'une organisation dont les agents participaient aux intrigues nazies dans toutes les parties du monde. Ses propres rapports affirment que l'APA joua, par exemple, un rôle important dans l'adhésion de la Roumanie à l'Axe. Comme Directeur de l'APA, il prit une large part à la préparation matérielle et stratégique de l'attaque contre la Norvège.

Rosenberg fut, avec Raeder, à l'origine du plan d'attaque de la Norvège, à laquelle il s'intéressait depuis l'entretien qu'il avait eu avec Quisling, au mois de juin 1939. Quisling avait souligné l'importance de la côte norvégienne au cas d'un conflit entre l'Allemagne et l'Angleterre et avait exprimé la crainte que la Grande-Bretagne ne fût aidée par les Norvégiens. A la suite de cette conférence, Rosenberg prit des dispositions pour que Quisling collaborât étroitement avec les Nazis et bénéficiât de leur appui politique.

Quand la guerre éclata, Rosenberg soutint le point de vue de Quisling, qui craignait une intervention britannique en Norvège, et communiqua à Raeder un projet qui visait à utiliser Quisling pour un coup de main en Norvège. Ce fut Rosenberg qui ménagea entre Hitler et Quisling les entrevues de décembre 1939 qui aboutirent aux préparatifs de l'attaque contre la Norvège, et au cours desquelles le Chancelier du Reich promit à Quisling une aide financière. A la suite de ces conférences, Hitler chargea Rosenberg de l'« exploitation politique » de la Norvège et, deux semaines après l'invasion de ce pays, lui déclara que le motif de sa décision d'attaquer la Norvège « résultait des avertissements répétés de Quisling, tels qu'ils lui avaient été communiqués par le Reichsleiter Rosenberg ».

Rosenberg est l'un des principaux responsables de l'élaboration et de l'exécution des mesures qui furent adoptées dans les territoires occupés de l'Est. Le 2 avril 1941, il fut informé par Hitler de l'imminence de l'attaque contre l'Union soviétique et il accepta d'y apporter sa collaboration à titre de « Conseiller politique ». Le 20 avril 1941, il fut nommé Commissaire au Contrôle central des Affaires d'Europe orientale. Au cours de la préparation des plans d'occupation, il eut de nombreuses conférences avec Keitel, Raeder, Gœring, Funk, Ribbentrop et d'autres importantes personnalités du Reich. En avril et en mai 1941, il établit plusieurs projets de règlements relatifs à l'organisation de l'administration des Territoires occupés de l'Est. Le 20 juin 1941, deux jours avant le déclenchement de l'attaque contre l'U.R.S.S., il lit un discours à ses adjoints au sujet des problèmes posés par l'occupation et des mesures à envisager. Le 16 juillet 1941, il assista à la conférence de Hitler, au cours de laquelle les méthodes d'administration et d'occupation furent examinées. Le 17 juillet 1941, Hitler nomma Rosenberg Ministre du Reich pour les territoires occupés de l'Est et lui confia officiellement la responsabilité de l'administration civile.

 

Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité

 

Rosenberg est responsable du pillage systématique des biens publics et privés, qui fut pratiqué dans tous les pays envahis d'Europe. Agissant d'après les ordres donnés par Hitler, au mois de janvier 1940, pour fonder la « Hohe Schule », il organisa et dirigea l'« Einsatzstab Rosenberg » qui pilla des musées et des bibliothèques, confisqua des œuvres d'art et des collections, et mit à sac des habitations privées. Ses propres rapports montrent l'importance revêtue par ces confiscations. Au cours de l'« Action M » (Moebel), lancée en décembre 1941 sur la suggestion de Rosenberg, 69.619 demeures juives furent pillées dans l'Ouest, dont 38.000 à Paris seulement et il fallut 26.984 wagons de chemin de fer pour transporter en Allemagne les meubles confisqués. A la date du 14 juillet 1944, plus de 21.903 objets d'art, comprenant des peintures célèbres et des pièces de musée, avaient été saisis dans l'Ouest par l'Einsatzstab.

Nommé, le 17 juillet 1941, Ministre du Reich pour les Territoires occupés de l'Est, Rosenberg fut investi de l'autorité suprême sur ces régions. Il aida à l'élaboration de la politique de germanisation, d'exploitation, de travail forcé, d'extermination des Juifs et des adversaires du Nazisme, et il organisa l'administration qui mit cette politique à exécution. Il prit part à la conférence du 16 juillet 1941, au cours de laquelle Hitler déclara : « Nous avons maintenant la tâche de partager le gâteau suivant nos besoins, afin de pouvoir : d'abord le dominer, ensuite l'administrer et enfin l'exploiter » ; Hitler ajouta qu'il fallait agir impitoyablement. Rosenberg entra en fonctions le lendemain.

Rosenberg était parfaitement au courant des traitements brutaux et de la terreur auxquels étaient soumis les habitants des régions de l'Est. Il ordonna de ne pas considérer comme applicables dans ces territoires occupés les règles de la Convention de La Haye concernant la guerre terrestre. Il était au courant de l'enlèvement de matières premières et de produits alimentaires des régions conquises à l'Est et de leur expédition vers l'Allemagne, et il prit une part active à ce pillage. Il déclara que la première demande à présenter aux pays de l'Est était de ravitailler le peuple allemand, et que ce serait le peuple soviétique qui en souffrirait. Ses directives prévoyaient la mise à l'écart des Juifs et leur envoi dans les ghettos. Ses subordonnés prirent part aux massacres des Juifs et quant à ses fonctionnaires de l'Est, ils estimaient qu'il était indispensable de débarrasser des Juifs ces territoires. En décembre 1941, il proposa à Hitler que les 100 otages qui devaient être fusillés en France fussent uniquement choisis parmi les Juifs. Rosenberg était au courant de la déportation des travailleurs des régions orientales, des méthodes de « recrutement », de l'horreur des déportations et du traitement infligé dans le Reich aux déportés. Il indiqua à ses fonctionnaires le nombre des travailleurs qui devaient être envoyés dans le Reich coûte que coûte. Son consentement à la Heu Aktion est indiqué par la signature qu'il apposa sur l'ordre du 14 juin 1944 concernant l'arrestation de 40 à 50.000 enfants, âgés de 10 à 14 ans, pour leur envoi en Allemagne.

De temps en temps, Rosenberg s'opposa aux excès et aux atrocités commis par ses subordonnés, et notamment par Koch, mais ces excès continuèrent et il garda son poste jusqu'à la fin.

 

Conclusion

 

Le Tribunal déclare :

— Que l'accusé Rosenberg est coupable des crimes visés par les quatre chefs de l'Acte d'Accusation.

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

Free Web Hosting