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NUREMBERG (1945-1946)

VERDICT

RESPONSABILITES INDIVIDUELLES

 

 

FUNK

 

Funk est inculpé des crimes visés par les quatre chefs de l'Acte d'Accusation. Ancien journaliste spécialisé dans les questions financières, il adhéra au Parti Nazi en 1931, et, peu après, devint l'un des conseillers particuliers de Hitler pour les affaires économiques. Le 30 janvier 1933, il fut nommé Chef de la Presse dans le Gouvernement du Reich, devint, le 11 mars, sous-secrétaire d'Etat au Ministère de la Propagande puis, peu après, commença à jouer un rôle prépondérant dans les différentes organisations nazies dont le but était de contrôler la presse, le cinéma et les maisons d'éditions littéraires et musicales. Dès le début de 1938, il assuma les fonctions de Ministre de l'Economie Nationale et de Plénipotentiaire général pour l'Economie de guerre, puis celles de Président de la Reichsbank, en janvier 1939; dans ces trois postes, il succédait à Schacht. En août 1939, il fut nommé membre du Conseil des Ministres pour la Défense du Reich, et en septembre 1943, membre du Comité Central du Plan.

 

Crimes contre la Paix

 

L'activité de Funk, dans le domaine économique, commença à une époque où les plans nazis de guerre d'agression avaient déjà pris une forme définitive. Un de ses représentants assista, le 14 octobre 1938, à une réunion au cours de laquelle Gœring annonça que la production des armements devait s'accroître dans des proportions énormes et donna au Ministère de l'Economie Nationale des instructions pour que les exportations soient augmentées de façon à procurer à l'Allemagne les devises nécessaires. Le 28 janvier 1939, l'un des subordonnés de Funk adressa à l'O.K.W. un mémoire proposant l'utilisation des prisonniers de guerre pour combler les vides qui se manifesteraient dans la main-d'œuvre, au cas d'une mobilisation. Le 30 mai 1939, le sous-secrétaire d'Etat au Ministère de l'Economie Nationale assista à une réunion au cours de laquelle des plans détaillés furent établis pour le financement de la guerre.

Le 25 août 1939, Funk adressa à Hitler une lettre dans laquelle il exprimait sa reconnaissance pour la possibilité qui lui était donnée de jouer un rôle dans des événements entraînant de telles répercussions pour le monde; par la même occasion, il annonçait qu'il avait terminé les plans pour le « financement de la guerre », pour le contrôle des salaires et des prix et pour le renforcement de la position de la Reichsbank, et qu'ainsi, il avait converti en or, sans que cela pût se remarquer, toutes les ressources en devises dont disposait l'Allemagne. Le 14 octobre 1939, une fois la guerre déclenchée, il déclara dans un discours que les services économiques et financiers de l'Allemagne, travaillant au Plan de Quatre Ans, avaient participé en secret depuis plus d'un an à la préparation économique de la guerre.

Funk collabora aux plans économiques qui préparaient l'attaque de l'U.R.S.S. Son représentant tenait quotidiennement des réunions avec Rosenberg, afin d'examiner les problèmes économiques que soulèverait l'occupation du territoire soviétique. Funk participa, en personne, et avant l'attaque, aux projets d'impression en Allemagne de roubles qui devaient servir de monnaie d'occupation en U.R.S.S. Après l'attaque, il prononça un discours dans lequel il décrivit les préparatifs qu'il avait faits pour l'exploitation économique des « vastes territoires de l'Union Soviétique », qui seraient une source de matières premières pour l'Europe.

Funk ne joua pas un rôle prépondérant dans l'élaboration des plans nazis de guerre d'agression. Son activité dans les sphères économiques se déroula sous la haute direction de Gœring, Plénipotentiaire général au Plan de Quatre Ans. Mais Funk participa aux préparatifs économiques de certaines des guerres d'agression, notamment des guerres contre la Pologne et l'Union Soviétique; il peut, en conséquence, être déclaré coupable des crimes visés par le deuxième chef de l'Acte d'Accusation.

 

Crimes de guerre et crimes contre l’Humanité

 

En sa qualité de Sous-Secrétaire au Ministère de la Propagande et de Vice-Président de la Chambre de Culture du Reich, Funk avait pris part, dès le début, au programme nazi de mesures d'exception appliquées aux Juifs, sur le plan économique. Le 12 novembre 1938, après les pogroms qui eurent lieu au cours de ce mois, il assista à une réunion tenue sous la Présidence de Gœring, afin de discuter la solution du problème juif et proposa qu'un décret fût pris pour exclure les Juifs de toute activité commerciale, décret que Gœring publia le jour même dans le cadre du Plan de Quatre Ans. Dans sa déposition, Funk a déclaré qu'il avait été choqué par les excès du 10 novembre; on sait pourtant qu'il prononça, le 15 novembre, un discours dans lequel il décrivait ces excès comme « l'expression violente du dégoût qu'inspirait au peuple allemand l'attaque criminelle que les Juifs dirigeaient contre lui » ; il y affirmait aussi que l'exclusion totale des Juifs de toute activité économique devait logiquement découler de leur exclusion de la vie politique.

En 1942, Funk conclut avec Himmler, un accord aux termes duquel la Reichsbank devait recevoir des SS certaines quantités d'or, de bijoux, et de devises; il ordonna à ses subordonnés, qui allaient fixer les détails de cet accord, de ne pas poser trop de questions. En application de cette convention, les SS envoyèrent à la Reichsbank tout ce qui avait appartenu aux personnes exterminées dans les camps de concentration. La Reichsbank gardait l'argent et les billets de banque et envoyait les bijoux, montres et autres effets personnels aux Monts-de-Piété de la Municipalité de Berlin. Quant à l'or provenant des montures de lunettes ou arraché aux dentitions, il était déposé dans les sous-sols de la Reichsbank. Funk a affirmé n'avoir eu connaissance d'aucun de ces dépôts. Le Tribunal estime, néanmoins que, ou bien il avait connaissance de ce que la Reichsbank recevait, ou bien il fermait délibérément les yeux sur ce qui se passait.

En tant que Ministre de l'Economie Nationale et Président de la Reichsbank, Funk participa à l'exploitation économique des territoires occupés. Il était Président de la Compagnie Continentale des Pétroles, chargée de l'exploitation des ressources pétrolifères des territoires de l'Est. Il fut responsable de la saisie des réserves d'or de la Banque Nationale Tchécoslovaque et de la liquidation de la Banque Nationale Yougoslave. Le 6 juin 1942, son représentant adressa à l'O.K.W. une lettre demandant que des fonds fussent prélevés sur la Caisse des Frais d'occupation de la France, afin de servir à des achats au marché noir. Il connaissait la politique allemande d'occupation, puisqu'il assista à la réunion du 8 août 1942, au cours de laquelle Gœring, s'adressant aux divers chefs des territoires occupés, leur indiqua quels produits alimentaires ils devaient en retirer et ajouta : « Il m'est absolument indifférent que vous me disiez que, à la suite de ces mesures, vos populations meurent de faim. »

En automne 1943, Funk devint membre du Conseil Central du Plan qui fixait le chiffre total d'ouvriers nécessaires à l'industrie allemande et exigeait que Sauckel les fournît, la plupart du temps, en les déportant des territoires occupés. Funk ne paraît pas s'être particulièrement intéressé à cet aspect du programme de travail forcé; il envoyait généralement aux réunions du Conseil, un représentant qui était souvent son collaborateur, le Général SS Ohlendorf, ancien Chef de l'Amt III du RSHA et ancien Commandant de l'Einsatzgruppe D; Funk savait cependant que le conseil dont il était membre exigeait la déportation en Allemagne, pour le travail forcé, d'ouvriers qu'il répartissait ensuite parmi les industries placées sous son contrôle.

En sa qualité de Président de la Reichsbank, Funk fut aussi indirectement mêlé à l'utilisation de la main-d'œuvre provenant des camps de concentration. Sous sa direction, la Reichsbank ouvrit aux SS un crédit de douze millions de Reichsmarks, comme fonds de roulement pour la construction d'usines utilisant les travailleurs de ces camps.

En dépit du fait qu'il occupa des postes officiels importants, Funk ne joua jamais un rôle prépondérant dans les différents programmes auxquels il participa. C'est une circonstance atténuante que le Tribunal retient en sa faveur.

 

Conclusion

 

Le Tribunal déclare :

— Que l'accusé Funk n'est pas coupable des crimes visés par le premier chef de l'Acte d'Accusation.

— Que l'accusé Funk est coupable des crimes visés par les deuxième, troisième et quatrième chefs de l'Acte d'Accusation.

 

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

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