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NUREMBERG (1945-1946)

VERDICT

RESPONSABILITES INDIVIDUELLES

 

 

FRITZSCHE

 

Fritzsche est inculpé des crimes visés par les premier, troisième et quatrième chefs de l'Acte d'Accusation. Il était particulièrement connu comme commentateur de la Radiodiffusion allemande qui émettait son programme personnel hebdomadaire : « Hans Fritzsche parle », où il traitait des événements d'actualité. Il commença ses émissions en septembre 1932; en cette même année, il fut nommé Directeur du Service du Journal parlé qui dépendait du Gouvernement du Reich. Quand, le 1er mai 1933, les Nationaux-Socialistes incorporèrent ce service au Ministère de l'Education Nationale et de la Propagande, Fritzsche devint membre du Parti Nazi et entra dans ce Ministère. En décembre 1938, il devint Directeur de la Section de la Presse Nationale au Ministère; en octobre 1942, il fut promu au rang de Directeur ministériel. Après avoir servi quelque temps sur le front de l'Est, dans une compagnie de propagande, il fut, en novembre 1942, nommé Directeur de la Section de Radiodiffusion au Ministère de la Propagande et Plénipotentiaire à l'Organisation Politique de la Radiodiffusion de la plus Grande Allemagne.

 

Crimes contre la Paix

 

En sa qualité de Directeur de la Section de la Presse Nationale Fritzsche contrôlait l'ensemble de la presse allemande, c'est-à-dire 2.300 journaux quotidiens. Dans l'exercice de cette fonction, il tint chaque jour des conférences de presse, pour transmettre à ces journaux les directives du Ministère de la Propagande. Il était cependant subordonné au Chef de la Presse du Reich, Dietrich, qui était lui-même sous les ordres de Goebbels. C'était Dietrich qui recevait de Goebbels les directives destinées à la presse, ainsi que celles d'autres Ministres du Reich et les rédigeait sous forme d'instructions qu'il transmettait ensuite à Fritzsche à l'intention de la presse.

De temps à autre, les Paroles quotidiennes du Chef de la Presse du Reich (telle était la désignation de ces instructions) ordonnaient à la Presse d'entretenir les lecteurs de certains thèmes, tels que le Führer Prinzip, le problème juif, le problème de l'espace vital ou autres idées nazies classiques. Une campagne vigoureuse était menée avant chaque acte d'agression de quelque importance; ainsi pendant la période où il fut à la tête de la Section de la Presse Nationale, Fritzsche instruisit les journalistes de la façon dont ils devraient présenter les manœuvres ou les guerres menées contre la Bohème et la Moravie, la Pologne, la Yougoslavie et l'Union Soviétique. Fritzsche n'avait aucune autorité pour l'élaboration de cette propagande. Il servait simplement d'agent de transmission aux instructions remises par Dietrich pour la Presse. Ainsi, en février 1939, et avant l'incorporation de la Bohême et de la Moravie, par exemple, il reçut de Dietrich l'ordre de porter à l'attention de la presse les efforts entrepris par la Slovaquie pour maintenir son indépendance, ainsi que les méthodes et la politique antigermaniques du Gouvernement de Prague de l'époque. Cet ordre que reçut Dietrich émanait du Ministère des Affaires Etrangères.

La Section de Radiodiffusion, dont Fritzsche devint le chef en novembre 1942, était l'une des douze sections du Ministère de la Propagande. Au début, Dietrich et d'autres chefs de section usaient de leur autorité pour orienter la politique que devait suivre la radio. Vers la fin de la guerre, cependant, Fritzsche devint le seul à exercer un pouvoir en matière de radiodiffusion au Ministère. En cette qualité, il composa et publia les « paroles » quotidiennes de la radio destinées à tous les services de propagande du Reich et conformes à la politique générale du régime nazi; elles étaient soumises aux directives de la section politique de Radiodiffusion du Ministère des Affaires Etrangères ainsi qu'au contrôle personnel de Goebbels.

Fritzsche, de même que d'autres fonctionnaires du Ministère de la Propagande, assista aux conférences quotidiennes que Goebbels tenait avec ses collaborateurs. L'objet de ces conférences était de renseigner les assistants sur les nouvelles et sur la propagande du jour. Après 1943, Fritzsche tint quelquefois lui-même ces conférences, mais seulement quand Goebbels et ses Secrétaires étaient absents. Et même alors, sa seule fonction consistait à transmettre les directives de Goebbels qui lui étaient données par téléphone.

Tels sont, rappelés brièvement, les postes que Fritzsche occupa et l'influence qu'il exerça au sein du IIIe Reich. Il n'eut jamais une situation assez importante pour assister aux conférences où furent élaborés les plans qui menèrent à la guerre d'agression ; il n'eut certainement jamais aucune conversation avec Hitler, car sa propre déposition en ce sens n'a pas été réfutée au cours des débats. Rien ne prouve non plus qu'il ait été informé des décisions prises au cours des conférences qui viennent d'être mentionnées. En conséquence, les activités de l'accusé ne peuvent pas être comprises dans la définition du plan commun de guerre d'agression ainsi qu'il a déjà été exposé plus haut.

 

Crimes de guerres et crimes contre l’Humanité

 

Le Ministère Public a soutenu que Fritzsche avait incité et encouragé la perpétuation de crimes de guerre en falsifiant sciemment des nouvelles pour exciter dans le cœur des Allemands, les passions qui les conduisirent à commettre les atrocités visées par les troisième et quatrième chefs d’accusation. Son poste et ses responsabilités officielles n'étaient cependant pas assez importants pour faire supposer qu'il participât à l'élaboration et à la rédaction des campagnes de propagande.

Des extraits de ses discours ont été cités à l'audience qui montrent un antisémitisme convaincu. Ainsi, il déclare à la Radio que la guerre avait été provoquée par les Juifs et que le sort de ceux-ci était devenu « aussi malheureux que le Führer l'avait prédit ». Mais ces discours ne poussaient pas à la persécution ou à l'extermination des Juifs. Rien n'établit qu'il ait connu leur extermination dans l'Est. En outre, il a été prouvé qu'il essaya par deux fois de faire cesser la publication du journal antisémite Der Stürmer, mais sans succès.

Dans ces programmes radiodiffusés, Fritzsche répandit quelquefois de fausses nouvelles, mais il n'a pas été prouvé qu'il les connût comme telles. Par exemple, il déclara qu'il n'y avait aucun sous-marin allemand dans le voisinage de l'Athénia, quand celui-ci fut coulé. Cette nouvelle était fausse, mais Fritzsche l'ayant reçue de la Marine allemande, n'avait aucune raison de la croire inexacte.

Il semble que Fritzsche ait quelquefois au cours de ses émissions fait des déclarations énergiques qui n'étaient autre chose que de la propagande. Mais le Tribunal n'en infère pas pour autant qu'elles aient eu pour but d'inciter les Allemands à commettre des atrocités sur les peuples conquis. On ne peut donc pas l'accuser d'avoir participé aux crimes en question. En fait, il cherchait plutôt à susciter un mouvement d'opinion favorable à Hitler et à l'effort de guerre allemand.

 

Conclusion

 

Le Tribunal déclare :

— Que l'accusé Fritzsche n'est pas coupable des crimes visés par l'Acte d'Accusation,

et ordonne :

— Que l'officier attaché au Tribunal prenne toutes dispositions pour que Fritzsche soit mis en liberté dès que l'audience sera levée.

 

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         

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