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Nomenklatura

 

 

Une nomenclature, à l'origine, c'est un catalogue, une collection de termes, un ensemble de mots d'un dictionnaire. C'est ce sens-là qui nous importe ici, et plus précisément, la manière dont les artistes se nomment.

Il y a ceux qui sont connus sur leur vrai nom : Salvador Dali, Louis Armstrong, Alexandre Dumas, Victor Hugo, Pablo Picasso, Miles Davis, Il y a aussi ceux qui sont repérés à leur unique patronyme : Verlaine, Rimbaud, La Fontaine, Wagner, Mozart, Beethoven, Bach, Kafka.

Et il y a ceux, très nombreux, surtout chez les comédiens, dont on a surtout retenu le sobriquet : Gabin, Molière, Raimu, Coluche, Voltaire, Fernandel, Bourvil... À ce dernier groupe, on peut rattacher ceux, encore plus rares, qui ont imposé leur prénom, et ici, on peut dire que Dieudonné fait figure d'exemplaire presque unique, en tout cas rarissime, à l'époque contemporaine.

Presque unique, parce qu'il y a Arthur, le présentateur de télévision et animateur de radio, qui se pique de faire aussi oeuvre de comédien. Le fait est que, contrairement à l'autre, Dieudonné n'a pas eu besoin de passer quotidiennement sur les ondes d'une radio, voire presque de façon hebdomadaire à la télévision, pour imposer son prénom, ce qui n'est pas une mince performance ! Son alter ego, du tandem Elie et Dieudonné, a dû reprendre son nom de jeune fille : Semoule, Elie Semoule (blague lue un jour sur le site lesOgres.org).

 

elie_et_dieudonné

 

Aujourd'hui, quand vous dites "Dieudonné", tout le monde sait de qui vous voulez parler. Sacré performance, de la part de quelqu'un qu'on ne voit pas souvent dans les médias. Et l'on comprend que nombre de ses collègues l'aient mauvaise, comme ils ont dû l'avoir mauvaise en entendant Jamel Debbouze lui lancer : "T'es le meilleur !".

Mimiques, jeu d'acteur, chanson, présence scénique, écriture..., il n'y a pas à dire : l'homme a du charisme. Et pourtant, le cinéma et le théâtre français ne semblent pas intéressés par un talent aussi versatile et préfèrent tourner en rond, avec les mêmes tronches vues et revues partout et tout le temps : les Arditti, Depardieu, Dujardin, Dubosc... Aux États-Unis, par exemple, Dieudonné serait tout en haut de l'affiche, tant sur scène qu'au cinéma. Et le reproche qu'on pourrait lui faire serait de ne pas s'être expatrié, au moins pour un temps, vers ces pays (Grande-Bretagne et Etats-Unis), où son talent ne pourrait qu'exploser, tant il est versatile et multiforme, mais à la condition d'être à l'aise avec la langue. Mais peut-être y travaille-t-il.

 

elie_et_dieudonné

 

En tout cas, il y en a qui ont droit à des tonnes de rediffusions de leurs spectacles : Anne Roumanoff, par exemple, dont on voudrait nous faire croire qu'elle serait la meilleure comique française ; la pauvre ! Même à coups de diffusion quotidienne sur une radio, de tartines de rediffusions sur à peu près la moitié des chaînes de la TNT et du satellite, elle reste une aimable amuseuse que les producteurs de cinéma ne sont pas prêts de s'arracher. Quant à Florence Foresti, qui a oublié le matraquage publicitaire dont elle a bénéficié lors du lancement de son premier DVD, avec des extraits quotidiens sur France Télévision (France 2), juste avant le journal de 20 heures ?

 

elie_et_dieudonné

 

D'autres ont aussi droit au tapis rouge sur différentes chaînes de télévision : les Gad Elmaleh, Elie Semoun, Frank Dubosc, voire Antony Kavanagh, sans parler des imitateurs qui squattent les ondes radio et télévision : Nicolas Canteloup, Patrick Lecoq, Laurent Gerra, ainsi que d'autres fonctionnaires de l'humour comme le très avachi Guy Bedos, que l'on croyait courageux, dès qu'il était question de défendre la veuve et l'opprimé, mais dont on a découvert que sa capacité de s'indigner était à géométrie variable.

Tous ceux que l'on a nommés plus haut doivent se demander, tous les jours, "mais comment fait-il pour nous surclasser à chacune de ses prises de parole", lui qui est boycotté par les médias, le tout avec notre complicité, voire avec notre bénédiction ?

Le fait est que si l'on faisait un sondage autour de l'impact médiatique des apparitions publiques des humoristes français, nul doute que Dieudonné écraserait l'ensemble de ses confrères et consoeurs, cette petite "nomenklatura" qui prétend se gausser des puissants, mais qui a appris à se coucher devant la puissance de ses employeurs, les médias, ces faiseurs de carrière.

Et, de nos jours, pour faire carrière comme humoriste, il vaut mieux ne pas trop s'afficher comme étant ami avec Dieudonné. Quel mauvais calcul ! Parce que l'autre semble reprendre du poil de la bête, après que le Conseil d'Etat est venu lui retirer une grosse épine du pied.

Et puis, l'homme semble avoir plus que de la ressource, puisqu'aucune campagne de boycott ne semble avoir eu raison de sa ténécité. Il y a eu le poids de ce médium nouveau qu'est l'Internet, dont on n'a pas fini de mesurer la force de frappe. Mais il y a aussi de la part de Dieudonné un flair indéniable, qui l'a amené à se doter d'un théâtre propre - le fameux théâtre de la Main d'Or (impasse du même nom, dans le onzième arrondissement de Paris), pour mieux résister à l'inquisition et continuer à travailler en toute indépendance. C'est dire si le personnage est prévoyant et a de la suite dans les idées !

Et là où d'autres ont baissé pavillon en se laissant bouffer par les néostaliniens de la cause pro-israélienne, Dieudonné a tenu bon, contre vents et marées.

Chapeau, l'artiste !

 

 

 
   
 
 
 
 
 
 

 

         

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