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Erratum

 

Cela pourrait rappeler la rubrique "Pan sur le bec" chère au Canard Enchaîné. Cela arrive lorsqu'on a commis une erreur factuelle en en prévenant le lecteur.

Quiconque a eu l'occasion de lire une thèse de doctorat en sciences et techniques a été frappé par l'importance des constats d'échec qui émaillent le travail de tout chercheur. A titre d'exemple, le virus du Sida a été identifié vers 1985, or, à ce jour (2010), aucun vaccin ou remède décisif n'a encore été mis au point, ce qui veut dire qu'un chercheur en médecine, pharmacie, biochimie ou biologie moléculaire, spécialisé dans la recherche sur le Sida et produisant un mémoire de recherche ou une thèse, consacrerait à peu près les deux premiers tiers de son travail à la litanie de tous les échecs qu'il ou elle aura essuyés tout au cours de sa recherche. Tous les chercheurs savent cela : c'est la loi du genre.

Sur la quatrième de couverture d'un ouvrage édité par le quotidien Le Monde, on peut lire ceci :

 

errare

 

(...) S'attaquant aux cliniciens, aux anatomistes, mais aussi aux vitalistes et aux métaphysiciens, Claude Bernard ouvre ainsi la voie à une science médicale nouvelle et concrète, n'hésitant pas à faire l'éloge du doute scientifique et de l'erreur."

Faire l'éloge du doute scientifique et de l'erreur ! Voilà une attitude que nous revendiquons volontiers, et tant pis pour tous ces soi-disant spécialistes ou experts, notamment en histoire, qui ne se trompent jamais ! Et l'on peut dire que Claude Bernard est, aux côtés de Louis Pasteur, le maître de tous les chercheurs qui se respectent, et ce, pas seulement en matière de sciences dites pures. La méthode expérimentale, ou à tout le moins, systématique (c'est-dire qui ne fait pas d'impasses et qui refuse les 'a priori') doit aussi prévaloir dans les sciences dites humaines, faisant d'elles, de facto, des disciplines révisionnistes, c'est-à-dire non figées, car contraignant le chercheur à une remise en cause permanente et à la reconnaissance de ses propres erreurs.

Dans notre cas, l'erreur est avérée : sur notre blog, il y a eu confusion manifeste entre les personnes, celui que nous avions pris pour Simon Srebnik n'étant pas du tout Simon Srebnik. Donc, il n'y a pas eu tromperie de la part de Claude Lanzmann sur le panneau indiquant Treblinka ni confusion non plus entre ce camp de concentration et Chelmno. Soit.

 

lanzmann

Nous l'avions pris pour Simon Srebnik...

 

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Ce n'était donc pas Simon Srebnik ! (Télérama, n° 3131, 16 janvier 2010)

 

C'est donc Henryk Gawkovski que nous avons bêtement confondu avec Simon Srebnik, parce qu'à plus de vingt ans de distance, notre mémoire nous a joué un tour. Le film Shoah, nous l'avons découvert lors de sa toute première diffusion, sur la chaîne Antenne 2, de la télévision française. Et allez savoir pourquoi, la séquence du bonhomme qui passe la tête par la lucarne de la locomotive nous a profondément marqué, ainsi que le récit de l'aventure de Simon Srebnik, laissé pour mort par les SS. D'où le court-circuit mnésique entre l'image et le nom. Pour s'y retrouver, peut-être (et même sûrement) aurait-il fallu (re)visionner le film de Lanzmann, pour nous remettre les idées en place. Seulement voilà, il dure près de neuf heures ! Voilà ce que c'est que d'avoir été fainéants et qui relève d'une négligence coupable.

Mais le hasard fait bien les choses : pour commémorer l'anniversaire de la libération d'Auschwitz par les soviétiques, ne voilà-t-il pas que la chaîne Arte programme la diffusion de "Shoah", en deux parties, les 20 et 27 janvier 2010 ? Et voilà comment nous fûmes confrontés au constat douloureux de nous être plantés !

Est-ce pour autant une raison pour présenter des excuses à Claude Lanzmann ? Que nenni ! Parce que, entre nous, cette confusion de patronymes relève plutôt de la broutille et ne saurait remettre en cause les fondements mêmes de notre récusation du révisionnisme néga-sioniste dominé par Raul Hilberg et Claude Lanzmann, révisionnisme qui manipule les données de la période nazie depuis l'après-Nuremberg. Mieux : après avoir visionné le film de Lanzmann, sur Arte, nous maintenons que Shoah est bel et bien une escroquerie, n'en déplaise au flagorneur de service de Télérama, et que son auteur est à la recherche historique ce que les oeufs de lompe sont au caviar. Rendez-vous compte : plus de vingt-cinq ans après, Lanzmann donne l'impression de n'avoir lu ni les minutes du Tribunal militaire de Nuremberg, ni aucun ouvrage d'histoire contemporaine, comme on a pu le voir et l'entendre lors de la présentation qu'il en a faite à l'antenne.

 

lanzmann

 

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Claude Lanzmann dixit (Arte, le 20 janvier 2010) :

"C'est 'Shoah' qu'Arte a choisi de diffuser pour la commémoration de la libération du camp d'Auschwitz par l'armée soviétique, le 27 janvier 1945, il y aura donc soixante-cinq ans dans une semaine. (...) La Shoah, c'est-à-dire essentiellement l'extermination de six millions de Juifs par les nazis, d'abord par fusillade de masse dans les territoires de l'Union soviétique envahis par la Wehrmacht, et surtout dans les chambres à gaz des camps de la mort, tous situés en Pologne : Belzec, Treblinka, Sobibor, Maïdanek, Chelmno, Auschwitz-Birkenau. Le sujet de Shoah c'est cela : la mort, la radicalité de la mort, infligée par asphyxie à des millions de femmes, d'enfants, d'hommes (...). Trois mille mourront à la fois dans les grandes chambres à gaz de Birkenau (...). Les très rares survivants, protagonistes juifs de mon film, je les ai choisis car ils furent, avec les tueurs, les seuls témoins de la mort de leur peuple (...) ; ils étaient membres de ce que les Allemands appelaient "Sonderkommando"..."

Il faut avouer que Claude Lanzmann fait montre d'une certaine constance, voire d'une constance certaine, hormis la prise en compte des "fusillades de masse" en territoire soviétique, évoquées, il est vrai, de manière fugace dans la première partie de Shoah. Mais, très vite, on a ce "surtout" : la Shoah, c'est surtout la mort par asphyxie dans des chambres à gaz... Sur ce plan, la thèse d'origine n'a pas varié d'un pouce, et tant pis pour les non-juifs déportés et morts dans les camps : Tsiganes, Homosexuels, Communistes, Socialistes, Témoins de Jéhovah, et autres. N'attendez surtout pas de Lanzmann qu'il intégre le fait que, dans les camps nazis, il n'y avait pas que des Juifs. Et tant pis pour les Juifs morts du typhus, de malnutrition et de privations ici ou là. Avec un aplomb impressionnant, Lanzmann joue au cheval qui porte des oeillères, et vous ment en vous regardant droit dans les yeux...

  • "Trois mille mourront à la fois dans les grandes chambres à gaz de Birkenau" : les Gaskammer de Birkenau avaient la taille de chambres, pas de hangars ! Admirez le "grandes chambres à gaz", qui suggère qu'il y en avait de petites !

  • La mort par asphyxie : incroyable amnésie de Lanzmann, qui semble ne faire aucun cas de ces témoins confirmant l'énorme mortalité des déportés dans les trains ; on pense à cet officier nazi qui confirme la présence de milliers de cadavres extirpés des trains en gare de Treblinka (Shoah, première partie), ainsi qu'à ces milliers d'autres, morts du typhus ou simplement battus à mort dans les camps par les kapos.

  • Encore un gros mensonge proféré par Lanzmann sur son propre film - et là, il semble avoir encore moins de mémoire que nous ! - : "les très rares survivants, protagonistes juifs de mon film, je les ai choisis car ils furent, avec les tueurs, les seuls témoins de la mort de leur peuple (...) ; ils étaient membres de ce que les Allemands appelaient "Sonderkommando"." : cette affirmation est tout bonnement incroyable : les Juifs présents dans "Shoah" appartenaient, donc, tous, aux Sonderkommandos ! Ça pour un scoop ! Et c'est là qu'on a envie de demander à Lanzmann si les femmes (il y en a dans Shoah) aussi étaient incorporées dans les Sonderkommandos ?!

Quant à la mention : "seuls témoins de la mort de leur peuple", on voit que Monsieur Lanzmann ne s'est toujours pas donné la peine de consulter le moindre traité d'anthropologie, sinon il saurait qu'il n'y a pas de peuple sans langue ; en d'autres termes, il y a un peuple là où il y a une langue : il n'y a pas de peuple juif pour la bonne et simple raison qu'il n'existe pas de langue juive !

Autre chose : Lanzmann ne semble toujours pas avoir compris l'incroyable imposture dont il s'est rendu coupable en concevant, et surtout en titrant son "Shoah", d'après un vocable tiré de l'hébreu. Car si l'hébreu est la langue liturgique de tous les Juifs, ce n'est la langue maternelle d'aucun ressortissant européen, l'hébreu n'étant parlé de façon native qu'en Asie mineure. Les langues maternelles des victimes d'Hitler étaient l'allemand, le polonais, le russe, le tchèque, l'ukrainien, le français, le néerlandais, le yiddish, etc., soit toutes les langues de l'Europe. De fait, l'obsession de Lanzmann pour l'hébreu revient à priver "ses Juifs" de leur identité européenne en en faisant des "gens venus d'ailleurs" car parlant une langue non européenne ! En un mot comme en cent, "shoah" veut dire qu'ils n'étaient pas d'ici !

Rappelons-nous ce mot d'Henri Meschonnic (in Le Monde, 21 février 2005, p. 10) :

Le mot ('shoah') ramasse ce qu'on a appelé « la question juive ». Qui est tout sauf juive. Une fois de plus, comme écrivait Hegel, les juifs n'ont pas d'histoire, n'ayant que celle de leur martyre. Alors, pour lutter contre les rhétoriques d'inversion et de dénégation liées à la victimisation, qu'énonçait déjà Rudolf Hoess, le chef du camp d'Auschwitz, dans ses Mémoires, quand il disait que, de cette extermination (inachevée), ce seraient encore les juifs qui tireraient le plus de profit, et comme tout ce qui touche au langage touche à l'éthique d'une société, donc à sa politique, je proposerais, pour qu'au moins une fois on l'entende, qu'on laisse le mot « Shoah » aux poubelles de l'histoire. (...) Raul Hilberg ne s'en embarrassait pas, dans son livre La Destruction des juifs d'Europe. Et lui ne voulait pas du terme d' « extermination ». Il y a eu, et il y a encore, une purulence humaine qui a voulu et qui veut la mort des juifs. Il n'y a pas besoin d'un mot hébreu pour le dire. On peut le dire dans toutes les langues avec des mots qui disent ce qu'ils veulent dire, et dont chacun connaît le sens.

Voilà donc comment, par pur cynisme, pure ignorance voire par pure bêtise, Claude Lanzmann impose à ces Juifs, dont il prétend défendre la mémoire, une véritable déportation symbolique, reprenant à son compte la loggorhée hitlérienne. Et c'est là qu'on aurait envie de lui dire : BRAVO !


 

 

 

 

 

 

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